Extraits - Aphorismes - Pensées du jour
"Demain, tu me rencontreras...
Tu traverseras des rues et tu me chercheras, car tu sentiras dans tes déambulations, quelques effluves de mon parfum... Ils te guideront et tu feras, sans doute, l'expérience d'une quête qui s'achèvera sur cette moleskine rouge, là où un jour ou peut-être une nuit tout avait commencé, lorsque tu m'avais cherchée du regard et que mes yeux, t'avaient trouvé... " Pensée du jour. Laurence Vanin.
"L'humaine condition
Cultiver des terres ou des cerveaux en friche,
Sueur du paysan, transpiration de l'érudit !"
Fracas : La pensée en éclats
"Erotisme à fleur de mots
Coucher des mots sur du papier, déshabiller son âme, impudique livrer ses idées à des lecteurs voraces..."
Laurence Vanin. Fracas : la pensée en éclats.
Jeté dans l’existence, le jeune enfant n’a pas encore conscience de ce que sera sa destinée. Somme toute, en a-t-il une ? « Dès qu’un homme est né, il est assez vieux pour mourir » nous rappelle Heidegger afin d’évoquer la fragilité qu’est celle de chacun. Ce qui contrevient à cette quête d’assurance.
Le besoin de tisser des liens affectifs structurants n’est pas la garantie de joie à venir, ni même d’un équilibre intérieur salvateur. Encore va-t-il falloir songer à apprendre à tenir debout.
Déjà dans le ventre de sa mère, cet embryon-nourrisson établit des liens, des connections sensorielles avec elle et un monde qu’il ne sonde alors que par le prisme des profondeurs. Il fait l’expérience des sons, des voix, en symbiose avec cette harmonie biologique de son corps abrité par une matrice. Toutefois, le nourrisson peut déjà sentir les émotions de sa mère et pressentir ses angoisses. Il n’est pas en mesure de porter sur elles la moindre analyse. Conscient, il se sait sur le mode du senti.
Mais les sensations accumulées s’impriment en lui et déterminent déjà des ressentis qui font de lui cet être qui se sent sécurisé ou encore inquiet. Ce petit être n’est alors qu’une somme de sensations, mais de sensations déterminantes puisqu’elles le renseignent déjà sur sa précarité. Il est dépendant et se sent lié à la destinée de sa mère…
Dans le cadre d’une naissance sécurisante, le bonheur des jeunes parents et de la famille réunie autour du berceau augure de joies à venir.
Toutefois à peine né, les choses vont aller vite, même si pour l’enfant – à la différence de l’animal – il faut des années pour conquérir son autonomie. Car le bonheur n’est pas une évidence, le malheur peut aussi frapper : la guerre, le terrorisme, la maladie, la mort, etc.
Etre humain, c’est aussi faire l’expérience de sa propre précarité et sentir que nous ne maitrisons pas tout. Ce qui échappe alors c’est la possibilité de faire de soi un être aguerri, assuré et rassuré dans cet univers où tout fait sens et va de soi sans que l’homme n’intervienne dans le cours des événements. La combinatoire des espoirs et de leur confrontation avec la réalité aspecte aussi d’une certaine précarité, d’un sentiment de frustration. Néanmoins, la présence au monde témoigne aussi des fabuleux mystères de la vie et de sa vulnérabilité.
Dans un monde inattendu, les belles surprises peuvent être de taille mais les épreuves et les déconvenues aussi. C’est sans doute cela, « être jeté au monde », « exister » c’est comprendre que nous ne pouvons pas toujours nous parfaire et que nous allons faire l’épreuve de la perte : la perte de contrôle, la perte de soi, de ses proches, de sa vie, etc. là où à l’inverse chacun tente de se consoler dans une dynamique de l’avoir, de l’appropriation…
L’homme va faire l’épreuve de sa fragilité : une fragilité physique car il est mortel ; une fragilité psychologique parce qu’il est un être affecté par les événements, un être d’émotions et de sensibilité.
Mais loin d’être négative, la fragilité peut être un atout considérable. Dans une société qui privilégie l’avoir à l’être et qui est assujettie au pouvoir de l’argent et des marchés internationaux, un retour à soi peut se révéler salvateur. D’autant que l’homme nihiliste vit souvent dans le déni du tragique de sa condition. L’homme qui se sait fragile aimerait aussi se préserver, envisager de développer des pensées et attitudes au centre desquelles il se placerait en être délicat. Mais comment prendre soin de soi et permettre à cette fragilité de contribuer à un travail de construction ou de reconstruction de soi ?
Certes, une philosophie du détachement peut ouvrir à une certaine sérénité mais aspecte aussi d’une relative froideur. Une posture stoïque n’est pas évidente, surtout à l’heure où les sentiments sont exacerbés par le stress, la violence des événements à vivre ou à subir. Sans doute la prise de conscience de la vulnérabilité, le fait de l’exprimer, permettent de se découvrir sensible et donc plus enclin à se protéger - comme le préconisait Levinas - à prendre soin de soi puis de l’autre comme « d’une humanité à préserver ».
La tendresse, la douceur se révèlent dynamiques dans cette mise en œuvre de la réappropriation de soi, et pour rompre avec l’ordre de la faiblesse. Dès lors chacun peut se surprendre à surmonter ses échecs en les positivant et à ré agencer ses souvenirs – même les plus douloureux - afin d’opérer une conversion du regard dans un processus de réconciliation. Chacun est donc à même de trouver en soi les ressources nécessaires à son épanouissement en portant un regard bienveillant sur ses propres failles.
La fragilité se révèle, également, être une disposition qui ouvre au bonheur et à davantage d’altérité. Soutenue par la volonté, elle peut être sublimée. Dans ce processus de résilience qui consiste à dépasser le tragique de nos conditions, la joie et la réalisation de soi sont rendues possibles… Cette résistance au désenchantement révèle alors cette influence bénéfique, celle de cette heureuse fragilité comme amour de la vie…
Exister dans la fragilité. coffret 3 CD. Fremeaux & Associés
"La danse des voiles
Les hommes se nourrissent d'illusions.
La vérité, l'aletheia des grecs (qui se traduit par le dévoilement) n'a laissé place qu'à un corps desséché, à la tragédie d'un squelette.
La danse des voiles n'a pas tenu toutes ses promesses.
Ils préfèrent finalement se voiler la face."
Laurence Vanin. Fracas : la pensée en éclats
A quoi bon... ce monde dont j'aimerais tant démissionner... Cette insupportable médiocrité de l'être. Ce refus du sens, le désir de l'autre que tu consommes comme un bout de viande tout juste utile à régénérer un narcisse lassé de se contempler... dans un mirage inutile, les regards se perdent et la volonté s'étiole.... que serais-je sans moi, conscience désespérée, qui ne désire qu'en finir avec ces chimères futiles et jamais ne rencontre la moindre altérité.... Et ne laisse place qu'à un monde désenchanté....
Laurence Vanin. Pensée nocturne...
"Le microcosme bavard
« C’est fou ce que cet univers me dépasse ! »"
Laurence Vanin. fracas : la pensée en éclats.
"Emancipation
Car j'irai voir plus loin que ma monotonie, cette condition de femme...
Au-delà d'être corvéable, rivée à toutes mes tâches
cette autonomie que j'ai enfin faite mienne !
Je ne te la dois pas, homme à l'arrogance chétive,
Ma liberté, moi seule peut la penser, et puis me l'accorder...
Je ne suis plus en servage, il va falloir t'y habituer"
Laurence Vanin. Pensée du jour.
Date de dernière mise à jour : 09/02/2018
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